Critique de Haunt 2 : Mirage
N’ayant pas suivi de façon régulière Les Chroniques de Spawn, le format librairie est l’occasion de me plonger véritablement dans l’univers de Haunt. Cependant, ceux qui n’ont pas manqué les dernières parutions de l’ancienne revue risquent d’être déçus dans le sens où ce second volume contient deux épisodes déjà publiés, les #7 et #8. En même temps, il fallait que Delcourt fasse un choix, et il aurait été malvenu de ne pas les rééditer, puisque bon nombre de lecteurs ne s’intéressent pas aux kiosques.
Bref, venons-en à ce qui nous intéresse, à savoir l’histoire. Depuis que Daniel Kilgore a découvert qu’il pouvait se transformer en une véritable machine à tuer en fusionnant avec l’esprit de son frère, sa vie est un sacré désordre qu’il finit par accepter. A-t-il le choix ? Pas vraiment, mais veut-il résister ? Dans les six précédents numéros, Daniel était mal dans sa peau et il n’avait pas un quotidien excitant. Désormais, il peut faire ce qu’il veut ou presque grâce à Kurt qu’il pensait coupable de tous ses malheurs. Du coup, ce qui frappe ici, c’est le changement d’attitude du prêtre. Il est beaucoup plus sûr de lui, déterminé, comme s’il s’était débarrassé d’un énorme poids, qui était plus ou moins l’existence même de son frangin. Il est sorti de son ombre, tandis que Kurt en est devenue une. Cette permutation des rôles est assez intéressante, puisqu’on change aussi de jugement sur notre héros qu’on commence à apprécier. Par contre, la transition est un poil trop rapide. Je comprends que Daniel soit aidé par les capacités de Kurt, mais de là à devenir un membre opérationnel d’une agence secrète en deux mois, c’est un peu exagéré. Mais bon, après tout, on est dans un comic-book, et on sait qu’avec Tood McFarlane à la tête du projet, l’important, c’est avant tout la castagne.
De ce côté-là, on est servi. Le fait que Ryan Ottley se soit retiré pour laisser pleinement la place à Greg Capullo est d’ailleurs une bonne chose. Même si j’apprécie son travail, il convient mieux à des séries du type d’Invincible où son style cartonny colle parfaitement. Pour Haunt, il faut un trait plus carré et Greg Capullo est l’homme de la situation. Ajoutons que Jonathan Glapion rejoigne Todd McFarlane à l’encrage, ce qui donne encore davantage de caractère aux planches. Par contre, malgré son talent, j’ai toujours trouvé que Greg Capullo n’était pas très à l’aise avec les visages masculins, trop plats à mon goût. En dehors de ce point, ça gicle dans tous les sens, au risque d’en faire des caisses par moments.
Haunt – Tome 2: Mirage est donc dans la parfaite lignée du premier tome, tout en passant à la vitesse supérieure. Il y a plus d’hémoglobine, de tension… On se croirait devant un bon gros film d’action pop-corn. Évidemment, ce n’est pas une lecture à confier dans toutes les mains, notamment à celles des enfants, surtout si c’est pour insinuer ensuite que les comics sont choquants. En tout cas, cela reste un véritable petit plaisir coupable, même si j’espère que l’intrigue se diversifiera, car on risque rapidement de tourner en rond.