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Sylvie Uderzo : un énième rebondissement pour l’affaire Astérix !

Sylvie Uderzo

En décembre 2023, Sylvie Uderzo se trouve une fois de plus au cœur d’un nouveau chapitre de l’affaire Astérix. Fille du célèbre cocréateur de la BD Albert Uderzo, elle se bat avec bec et ongles pour préserver l’héritage de son père. Depuis une quinzaine d’années, l’éditrice fait face à divers enjeux familiaux et commerciaux, quitte à contredire son propre père à bien des égards. Cette fois, elle s’oppose contre la vente aux enchères d’une planche originale de la bande dessinée « Astérix et Cléopâtre ».

Sylvie Uderzo protège une œuvre d’une valeur inestimable

Son avocate l’a fait savoir ce samedi 2 décembre 2023, Sylvie Uderzo a déposé une plainte contestataire à l’encontre de la vente d’une planche originale d’Astérix et Cléopâtre. Il s’agit d’une œuvre exclusive offerte par Albert Uderzo lors d’un dîner entre amis. Elle est à l’origine du sixième album publié en 1965. Ce fut le premier de la série de bandes dessinées à avoir franchi le cap du million d’exemplaires vendus. À la disparition de l’auteur en 2020, la valeur de la planche de dessins a considérablement augmenté.

Ladite planche devait principalement être mise en vente aux enchères par la maison Millon le 10 décembre 2023. Ainsi, au cours des estimations, la valeur de l’originale est montée à 500 000 €. Cette œuvre d’un demi-million d’euros suscite les regards intéressés de nombreux collectionneurs. Elle peut paraitre faramineuse, mais la somme se justifie par le succès monstrueux d’Astérix et Cléopâtre sous forme d’animation et en format bande dessinée.

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L’adaptation au grand écran intitulée « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » reste dans les annales du septième art. Le film réalisé par Alain Chabat totalise environ 14,5 millions d’entrées rien qu’en France. Il se considère comme l’une des meilleures œuvres cinématographiques de tous les temps dans l’Hexagone. Ce long-métrage fut la consécration pour les têtes d’affiche Christian Clavier et Gérard Depardieu qui incarnent l’inséparable duo gaulois. Cela dit, le public retient également de ce long-métrage des scènes avec Jamel Debbouze ou bien Gérard Darmon. 👇

Les critiques reconnaissent que le film inspiré d’Astérix et Cléopatre a su capturer l’esprit de l’œuvre originale. Le long-métrage reste fidèle à l’univers du petit gaulois, même si le réalisateur a pris la liberté d’ajouter une touche d’humour et de modernité.

Des conditions d’acquisition douteuses

En réaction à la plainte de Sylvie Uderzo, Arnaud de Partz, directeur général de la maison d’enchères Millon Belgique, précise être sûr de leurs droits. Cela dit, il reste quand même sur ses gardes. Il joue la carte de la prudence et de la discrétion quant aux circonstances qui entourent l’acquisition de la planche par un ami d’Albert Uderzo.

La transaction est probablement licite, mais qui crée une tension palpable des parties concernées. L’avocate de Sylvie Uderzo, Me Rezlan, qualifie l’explication de la maison d’enchères sur l’origine de la planche de « narratif fumeux ».

La plainte déposée par Sylvie Uderzo expose les tensions autour de la situation complexe qu’est le traitement d’œuvres autour d’artistes disparus. En France, les bandes dessinées sont régies par le Code de la propriété intellectuelle. Plus précisément, les BD se considèrent comme des œuvres de l’esprit, et à ce titre, elles bénéficient de la protection du droit d’auteur.

Le vol d’une planche originale de bande dessinée peut entraîner une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement, voire plus en cas de circonstances aggravantes. Pour le clan Uderzo, ce nouvel épisode déterre la hache de la guerre. Il réveille de vieux conflits sur l’héritage d’Astérix, autant culturel que matériel.

Une grande habituée des actions en justice

Sylvie Uderzo grandit sous l’ombre de son père, Albert Uderzo, cocréateur d’Astérix avec René Goscinny. Leur relation était marquée par des zizanies familiales peu communes. En 2007, la fille du dessinateur a été licenciée des éditions Albert René. À l’époque, elle détenait encore des parts de la maison d’édition.

En victime, elle a intenté plusieurs actions en justice contre la société de son propre père. Elle porte notamment plainte pour licenciement abusif. En 2009, elle a gagné aux prud’hommes et remporte 270 000 euros d’indemnités. Deux ans plus tard, elle a déposé une plainte pour abus de faiblesse contre son père. Elle avance qu’il a fait l’objet d’une manipulation pour vendre 60 % des parts de la maison d’édition à Hachette Livre. Le tribunal réfute son accusation dans une décision de justice rendue en 2013.

En diverses occasions, Albert et Sylvie étalent en public leur désaccord sur la gestion de l’œuvre et sur des questions financières. De 2009 à 2014, la presse européenne a suivi de près une période sombre sur la relation entre le dessinateur et son éditrice. Cette dernière a à maintes reprises exprimé ses inquiétudes quant aux décisions paternelles. Sylvie a même remis en question les rapports entre son père et sa mère Ada Milani. Cette compagne a toujours su insuffler une dose artistique supplémentaire dans les créations du scénariste franco-belge.

Réconciliation tardive et forte détermination

Malgré ces discordes, plusieurs événements tragiques comme le décès de certains membres du clan Uderzo ont permis à père et fille de se rapprocher. Les confrères du Figaro BD mentionnent une lente, mais importante réconciliation père-fille en 2014. Ce rapprochement met un terme à sept ans de désaccord. Un climat apaisé s’est ensuite installé avant la disparition d’Albert en 2020.

La tardive pacification aura sans doute été un facteur clé dans le parcours actuel de Sylvie. Cette perte confirme son attachement indéfectible à la vision artistique de son père. Ce dernier pose définitivement le crayon à l’âge de 92 ans. Le dessinateur et scénariste franco-belge laisse derrière lui un important héritage culturel que sa fille protège corps et âme.

Sylvie Uderzo et son combat pour sauver l’héritage d’Astérix

Renforcer et protéger le legs brisé est une mission que Sylvie prend très à cœur. Dans une interview accordée au Télégramme, elle évoque avec beaucoup d’émoi le jour où son père lui annonça qu’Astérix n’existait pas. Ce fut un moment révélateur de la complexité émotionnelle entourant leur situation familiale.

Bien qu’étant la bénéficiaire directe des droits d’auteur, Sylvie n’a eu de cesse d’affirmer sa ferme volonté à maintenir l’œuvre dans un cadre strictement bénévole et patrimonial. Ce dévouement se cristallise en batailles juridiques ardues.

Sylvie a plaidé en justice pour éviter que la fortune générée par Astérix ne soit mal gérée par des parties tierces. Elle a une sainte horreur de ce que l’on qualifie parfois d’hommes en costumes-cravate. Préserver l’intégrité de l’œuvre d’Albert Uderzo nécessite selon elle un engagement de tous les instants. Cela écarte toutes dérives mercantiles et autres manipulations extérieures qui pourront altérer la pureté initiale des aventures du petit gaulois.

Parfois, les coups sont aussi rendus

En 2013, ce fut le tour d’Albert Uderzo de porter plainte contre Sylvie pour violence psychologique à l’encontre de sa personne. Par média interposé, le père et la fille échangent des messages. À l’époque, l’éditrice confie à la radio qu’elle aime son père et veut protéger son père malgré tout. L’année suivante, Sylvie Uderzo accusait des proches collaborateurs de son père de faux témoignages afin de prendre le contrôle financier et artistique de l’œuvre d’Astérix. Cette bataille farouche pour conserver l’intégrité et l’esprit des personnages créés par Albert Uderzo continue sous différentes formes.

À mesure que les années passent, Sylvie adapte ses stratégies pour combattre les nouveaux défis qui se posent pour soutenir les valeurs fondamentales inculquées par Albert Uderzo. Plongée dans ce milieu exigeant, elle cherche constamment à faire des choix équilibrés entre intérêts commerciaux et respect profond de l’univers créé par son père.

Sylvie Uderzo : qui est la fervente défenseuse du patrimoine ?

Née en 1956, Sylvie Uderzo a grandi au sein d’une famille intimement liée à l’univers de la bande dessinée. Avec un père si empreint de créativité, il n’est pas surprenant que Sylvie développe très tôt un attachement profond pour les aventures gauloises.

Elle a pourtant choisi de rester relativement discrète pendant de nombreuses années. Ce n’est qu’à partir de la décennie 2000 qu’elle commence à apparaître publiquement, décidée à jouer un rôle clé dans la préservation de l’héritage familial. Son fort caractère découle de sa passion intacte pour l’œuvre de son père et de son désir intense de perpétuer sa mémoire.

En tant qu’éditrice française reconnue, Sylvie travaille également sur d’autres projets artistiques, mais aucun ne lui tient autant à cœur que les bandes dessinées d’Astérix. Ses responsabilités vont bien au-delà de la simple gestion quotidienne des propriétés intellectuelles. Elles englobent aussi des volets juridiques complexes, illustrés par son opposition ferme à la vente de pièces précieuses, comme évoqué précédemment.

Curieusement, si Sylvie tente aujourd’hui de jouer ce rôle de gardienne, elle doit aussi composer avec des figures tout aussi influentes, comme Anne Goscinny, fille d’un autre grand nom associé à Astérix, René Goscinny. Les deux femmes se retrouvent alignées dans leurs combats. Côte à côte, elles cherchent à défendre un morceau significatif de l’héritage Astérix.