Comme promis voici la suite de notre entretien avec Maliki Deuxième partie qui vous en dira un peu plus sur sa façon de travailler, ses influences ou encore ses projets futurs… Bonne lecture à tous ! (Relire la première partie)

Tu as des auteurs qui t’influencent ?

Je suis de la génération Club Dorothée donc j’aime beaucoup le manga. Mais mon idéal ce serait d’avoir le naturel des dialogues de Astier, la désinvolture de Trondheim quand il parle du quotidien et la narration de Adachi.

Et d’être auteur de BD à temps complet ça ne te gâche pas un peu ton plaisir de lire ?

Pas tant que ça. Quand je lis du Adachi je continue à me laisser emporter et je reviens ensuite sur les planches pour les étudier et comprendre ses secrets de fabrication. En revanche quand je commence à décortiquer un scénario à la première lecture c’est que je n’accroche pas à l’histoire. D’ailleurs il parait que c’est extrêmement pénible de regarder un film avec moi car j’ai tendance à tout analyser et de gâcher le plaisir des autres.

D’ailleurs en parlant de film, il y a eu un pilote de dessin animé Maliki qui a été présenté à Angoulême l’année dernière.

Le projet est malheureusement abandonné. On a réalisé le pilote, on l’a présenté aux chaines qui ont adoré mais qui n’ont pas su lui trouver une place dans leur grille. C’était à la fois pour les filles et garçons, pour les enfants et les ados. Le public ciblé a été jugé trop large. Je suis donc passé à autre chose.

Ce qui signifie qu’il y a des nouveautés à venir ?

Je suis en train de préparer un album de 80 pages sur Maliki qui changera du blog. L’univers de Maliki c’est elle qui raconte sa vie et ses histoires, du coup elle se montre telle que ça l’arrange avec ses cheveux roses et ses oreilles pointues. Elle passe sous silence ses histoires d’amour, les relations avec sa famille.

J’avais envie de montrer l’univers Maliki différemment, par une vision extérieure et sans concession. Ca se passe quand elle a 18, 19 ans au moment où elle débarque à Paris après avoir quitté sa Picardie natale. Elle n’est pas très bien dans sa peau, complexe beaucoup sur son physique. On va apprendre qui est en réalité Maliki. Le ton sera lui aussi très différent, beaucoup plus adulte.

Mais c’est un projet à part ?

Je l’ai conçu comme ça en tout cas. L’idée c’est que quelqu’un qui ne connaisse pas Maliki puisse le lire et l’apprécier. Quand aux lecteurs de Maliki je veux qu’ils puissent aussi y trouver leur compte et redécouvrir ce personnage.

Et c’est prévu pour quand ?

Je dois commencer en avril pour une sortie chez Ankama 619 pour la fin de l’année 2012. Le scénario est prêt, les dialogues sont écrits et le découpage a été fait. Il ne me reste « plus » qu’à dessiner. La technique du dessin va aussi changer pour donner un aspect plus dur avec des couleurs très axées sur les nuances de gris.

Ça fait longtemps que tu travailles dessus ?

Deux ans. Pour ce projet je me suis formé sur les techniques de narration en dévorant tous les livres sur le sujet. J’ai réécrit le scénario quatre fois. Je l’ai fait lire à énormément de monde pour avoir beaucoup d’avis. C’est seulement maintenant que j’ai l’impression que le projet est suffisamment mûr pour pouvoir m’y mettre. C’est un gros défi pour moi.

Et tu fais tout à la palette ?

Toujours ! La feuille de papier m’intimide et la palette me désinhibe. Quand je commence un dessin, je ne sais jamais ce qui va en sortir, j’ai besoin de chercher, de bidouiller. Sur ordi je sais que je peux modifier, effacer, utiliser des calques, agrandir, tourner ou rapetisser. J’aimerai bien réussir à dessiner tout de suite ce que j’ai envie mais ce n’est malheureusement pas le cas et je passe encore beaucoup de temps pour obtenir ce que je veux.

Sinon des projets hors Maliki ?

J’ai des idées pour une série jeunesse et en même temps j’aimerai aussi explorer des univers de SF. Je suis un peu tiraillé entre deux mondes. D’un côté le dessin très propre et lisse que j’aime bien et que je connais. Et puis d’un autre côté j’aimerai aussi explorer de nouvelles voies avec un dessin beaucoup plus lâché. J’admire des dessinateurs qui sont parfois très trash dans leur trait et j’adorerai faire comme eux. Mais pour ça il va d’abord falloir que j’arrête de mettre des chats partout et des reflets dans les yeux de mes personnages (rires).

Merci Maliki et bon courage pour ce projet qui t’attend et que nous serons heureux de découvrir.

Un grand merci à Maliki pour avoir pris le temps de répondre à toutes nos questions malgré un emploi du temps très chargé et à Ankama pour avoir organisé cette rencontre passionnante.