Nous avons eu la chance de rencontrer Maliki à l’occasion du salon international de la BD à Angoulême. Et c’est dans le fond d’un café, autour d’un verre (sans alcool :) ), que Maliki nous parle en toute simplicité de ses premiers pas dans le monde des blogs BD, évoque ses débuts en tant que pro, avant de nous dévoiler ses ambitieux projets loin de son univers habituel. Les fans seront surpris.

Bonjour Maliki, tu es aujourd’hui à Angoulême pour présenter ton 5ème album d’une série commencée en 2007 mais les débuts sont beaucoup plus anciens il me semble ?

En fait Maliki c’est un personnage d’ado au départ, on retrouve des petites Maliki dans les marges de mes cahiers de collège et de lycée. Elle a évolué avec moi.

Maliki c’est un personnage de BD mais c’est aussi ton pseudonyme et un peu de toi, ça ne te pousse pas à la schizophrénie tout ça ?

Quand j’ai commencé à vouloir faire de la BD, j’étais à fond sur Gorillaz. Ce que j’adorais dans le concept c’est qu’il n’y avait pas de musiciens, ce ne sont que des personnages. Personne ne savait qui était Gorillaz et ça donnait un charme énorme aux dessins qui devenaient d’un coup vivants. C’est ce que j’ai voulu reproduire avec Maliki car au fond je pense que les lecteurs se fichent de savoir si j’ai vraiment les cheveux roses ou les oreilles pointues.

Maliki à la base c’était un blog, comment est venue ta renommée ?

Je pense que ce sont les liens d’autres blogs qui ont fini par me faire connaitre. Quand j’ai eu un lien sur les sites de Melaka, Boulet ou Laurel ça a pas mal favorisé l’audience de mon propre blog.

Boulet, Laurel, Melaka sont des gens que tu connaissais à la base ?

Non pas du tout, à l’origine, quand j’ai commencé il y avait très peu de blogs BD donc on se connaissait un peu tous par écran interposé. J’ai connu Melaka car elle jouait à Dofus et m’avait contacté pour me dire de venir jouer avec elle. Elle trouvait que mes dessins ressemblaient aux graphismes du jeu et c’est comme ça qu’on s’est connu.
Après on s’est croisé dans différents festivals et comme c’était vraiment une petite communauté on se serrait un peu les coudes.

Et tu cherchais déjà à devenir pro ?

Non pas du tout. Le blog pour moi c’était un laboratoire et un prétexte pour me remettre à dessiner. Dessiner régulièrement pour un public est une source de motivation qui me pousse à prendre les crayons, encore aujourd’hui.

Comment s’est passée la rencontre avec Ankama ?

Ce sont eux qui sont venus me chercher. A la base j’avais fait une note sur Dofus suite aux heures passées sur le jeu avec Melaka. Tot (ndlr : DA, scénariste et co-fondateur de Ankama) est tombé dessus et m’a proposé d’éditer mon blog et de rejoindre l’équipe. Il m’a fait passer mon entretien d’embauche dans Dofus avec son avatar. Quelques jours plus tard, je plaquais tout et je partais à Roubaix.

Et comment s’est passé cette transition du dessinateur amateur au professionnel publié ?

Plus je voyais que ça marchait et plus je me mettais la pression pour progresser et arriver au niveau de l’idée que je me faisais d’un dessinateur pro. J’estime d’ailleurs que mes premiers albums sont trop amateurs surtout quand je les compare à ce que font d’autres dessinateurs très talentueux et qui n’ont pas la chance d’avoir été édités.

Et ton arrivée chez Ankama ?

Chez Ankama j’étais graphiste salarié par l’entreprise. Mes BD je les faisais le soir chez moi. La journée je bossais sur Wakfu, je faisais du character design, un peu de trailers vidéos. Au début on était une quinzaine et on devait tout faire, maintenant les choses ont changé. J’ai quitté l’entreprise il y a maintenant un peu plus d’un an, à la sortie du tome 4 pour me consacrer à 100% à mes projets.

Et tu n’as pas eu la tentation de vouloir signer ailleurs, sur une maison d’édition plus classique, avec plus d’expérience ?

Quand je suis arrivé chez Ankama il y avait une vraie dynamique, on était un petit groupe soudé. On n’y connaissait rien dans l’édition mais il y avait une vraie volonté de tout faire et de bien le faire. Tot voyait l’édition comme un support de promotion. Il refusait de mettre de l’argent dans la pub et préférait réaliser des livres, même à perte. L’idée c’était que les gens puissent reconnaitre un livre Ankama juste parce qu’il était beau ! Pour moi c’était la mentalité qui me plaisait.

Rendez-vous demain pour la deuxième partie de cette très sympathique interview. Maliki nous parlera plus précisément de son métier, de ses influences et de ses projets à venir.