Critique de
Voyage au bout de la Lune
L’humour de Daniel Goossens fait s’esclaffer certains et d’autres demandent ce qu’il y a de drôle. Je fais radicalement partie de la première catégorie. Il est pour moi un génie de l’humour (ni plus, ni moins) et mon auteur préféré au sein de l’équipe Fluide Glacial. J’ai pourtant plus de plaisir à lire ses albums que les extraits pré-publiés dans le magazine. Peut-être est-ce dû à une meilleure fluidité narrative ou que sais-je… Bref.
"Voyage au bout de la lune" est pour moi, avec L’Encyclopédie des Bébés, un des ses meilleurs albums (je les ai quasiment tous, à l’exception de deux ou trois désormais presque introuvables).
Un album que j’ai relu à chaque fois avec le même plaisir et surtout qui me fait rire systématiquement. Les personnages sont caricaturaux et sont souvent parodiques. Mentions spéciales au professeur et surtout au sergent Jack, râleur obsessionnel et sarcastique. La gent militaire en prend pour son grade (ouuuuh je l’aime bien celle-là) dans cette histoire où celui qui pourrait être considéré comme le plus brillant (le prof scientifique) est tout simplement ignoré.
Mais ce qui fait la force de cette oeuvre -et dans le travail de Goossens en général- sont les dialogues et les tronches de ses personnages. Ce sont des fois des tout petits riens qui me font rire bêtement : une grimace, une non-grimace, une position, un gros mot judicieusement placé, une réflexion pertinente qui tombe à plat,…
"Et voilà. Je t’avais dit. Tu as cassé le talon de ta chaussure. On ne peut pas marcher avec ça. C’est normal, bonhomme. Les talons aiguilles, ça oblige à se dandiner comme une cocotte. Alors bien sûr, pendant un temps on piaffe, on glousse, on se pavane, mais un jour ça casse."
Comme d’habitude l’aventure dérive là où nous ne nous y attendions pas et je trouve qu’ici l’absurde est savamment dosé. Les clichés du cinéma d’action et d’aventure sont brillamment ridiculisés. Le comique prend de plus en plus d’importance au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Et pour ceux qui connaissent Georges et Louis, ils auront le bonheur de découvrir Louis en militaire (je vous laisse imaginer le pire).