Critique de Mister O : Mister O (Réédition)
Mister O n'est qu'un rond affublé de deux bras et deux jambes. Trondheim offre 30 hilarantes possibilités, soit 30 planches, à Mister O, son nouveau personnage, pour passer de l'autre côté d'une falaise. Tous les moyens sont bons pour y arriver : péter pour s'envoler, fabriquer un pont, se confectionner des ressorts pour pieds, se faire encorner, sauter à l'élastique, voler sur un tapis, etc. À travers "Mister O", Trondheim dénonce avec son cynisme jubilatoire la lâcheté et l'inhumanité de l'homme dont il sait faire preuve pour arriver à ses fins.
Mister O n'hésite pas en effet à brûler ses congénères pour s'en servir comme montgolfière, leur marcher dessus, les pousser dans le vide, les arnaquer d'un euro... Trondheim nous offre encore une belle leçon d'humanité : le chemin de la vie est semé d'embûches et nous passons le temps précieux qui nous est compté (voir la terrible première planche) et notre énergie fragile à les surmonter pour finalement en arriver à la même fin. Car tous les stratagèmes de Mister O et de ses congénères si différents soient-ils n'offrent qu'une seule et même issue, celle de notre condition humaine : la solitude éternelle et insupportable (voir la dernière planche) ou la mort, ce qui revient à la même chose.
Posté par Miss Nelson en août 2001 sur "The Electric Grabuge" ici: http://web.me.com/miss.nelson/Grabuge/mistero.html