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Dossier : Les différences éditoriales entre BD, Comics et Mangas

Dossier : Les différences éditoriales entre BD, Comics et Mangas

Quand on regarde l’ancienne bande annonce du Tintin par Spielberg, on ne peut manquer de remarquer que l’ambiance se rapproche plus d’une super Production Marvel que du bon vieux film belge à la bonne franquette.



<Ouais tout de suite, c’est… Pas pareil.>

Pourquoi ce héros de notre enfance, si gentil, croit il qu’une arme ne sert qu’à mettre des tatanes dans la nuque ? Est-il devenu un gros BADASS entre des mains américaines ?

Peut-être simplement parce qu’une BD franco-belge, un comics, et tant qu’on y est un manga, n’ont pas du tout la même façon de se raconter…

On commence par la bande dessinée franco-belge,

plus précisément les séries qui ne sont pas découpées en sketches (en gros, pensez plus Blacksad que Boule et Bill ). L’album se présente un peu comme un roman : situation initiale, péripétie, résolution et épilogue. Ou l’inverse. L’important, c’est que l’histoire se suffit généralement à elle-même . Même dans les séries dont chaque tome est plus ou moins dépendant du précédent, comme Lanfeust de Troy , chacun des albums est à peu près structuré avec un début et une fin.

Pourquoi une structure narrative aussi prédominante ? Facile. Imaginez une BD européenne avec une histoire comme celle de One Piece . Vingt ans de publication au rythme d’un volume de 12€ tous les semestres… Du point de vue d’un éditeur, ça a autant de sens qu’un singe qui miaule.

Penchons-nous maintenant sur les différences entre comics et mangas

– Chaque numéro de comic est à peu près structuré de la même manière : on rappelle ce qu’il s’est passé lors d’un épisode (le Malefic Pinguin ravage New York ! Au dernier moment, il révèle son identité à Spiderman avec un rire démoniaque), répond à la question posée (Mais… Le Malefic Pinguin n’est autre que Tante May !), développe un peu l’histoire (BAM ! KAPOW !), et pose une question (C’est pas un appareil électronique que l’on voit sur la nuque de May ? Contrôle mental ? UNEBELIEVABLE) et fin de l’épisode. Réponse-développement-question-fin et on recommence au tome suivant.

– Le manga possède un rythme similaire, sauf que la question posée peut parfois trouver sa réponse 10 chapitres plus tard . Une phase de « question => réponse » par conséquent plus longue, parfois au prix du rythme, quitte à faire durer plusieurs semaines un match/une journée au lycée/un combat contre Boo…

Là encore, faisons un parallèle avec le modèle économique de ces deux types :

Le comic book, c’est avant tout un « package » de protagonistes et d’univers, le tout à considérer comme un produit . Les ventes de la série sont monitorées et la croissance a autant d’impact que le nombre net des ventes. L’apparition de guest-stars, ou le changement du staff derrière l’œuvre sont autant de leviers à disposition des maisons d’éditions pour essayer de rendre rentable la série. Les scénaristes signent des contrats pour au moins trois ou quatre chapitres, et toute décision d’annulation ou de renouvellement est conditionnée par une tendance sur la vente des chapitres.

– Les mangas contenus dans les magazines de prépublications (shonen jump, etc) sont publiés par chapitre, et personne n’est jamais complètement en sécurité, car chaque semaine les décisions de renouvellement se font en fonction notamment du classement réalisé par les lecteurs . Le dénouement d’une histoire devient donc un moment stratégique. Imaginez un peu : vous êtes un mangaka dont les classements sont toujours assez moyens. Vous allez vraiment sortir l’épilogue de votre histoire la même semaine que la fin d’un arc de la série actuellement numéro un ? Vous n’aurez aucune chance d’être premier au classement cette semaine, mais si vous attendez la semaine prochaine, qui sait… ?

Le scénariste de bande dessinée est à mille lieux des stéréotypes de l’écrivain maudit ne vivant que pour son art. S’il veut subvenir à ses besoins, il vaut mieux qu’il se plie aux exigences de sa maison d’édition, et ces exigences sont en corrélation directe avec l’état du marché. Là où un album est soigné en Europe, il est considéré comme un bien de consommation au Japon. D’où différence de traitement.

Un scénario n’est jamais libre une fois que l’auteur qui l’a écrit a mis le doigt dans la machine éditoriale. Ce n’est pas nécessairement un mal, si on veut écrire pour le plus grand nombre, il est toujours mieux de faire appel à ce même plus grand nombre.

Pour conclure, on peut dire que le scénario d’une bande dessinée est intrinsèquement dépendant des impératifs éditoriaux de son pays d’origine. C’est plutôt logique, une fois qu’on y a réfléchi, mais les conséquences sont énormes. De simple produit à œuvre d’art, la considération de la bande dessinée varie en fonction des cultures, et influences en amont la production de leurs auteurs.

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1 commentaire

Avatar viper82
Membre

ok donc…

Japon/Amérique : BD = Consommation

Europe : BD = Oeuvre d’Art

un peu simpliste, mais je crois relativement vrai.

D’un autre coté, on peut aussi réfléchir en terme de longueur de série.

+ une série est longue/rhytme de publication rapide, plus elle se rapproche du produit de consommation.

+ une série / one shot est travaillé, investit, plus il se rapproche de l’œuvre d’art…

Après c’est peut être une question de culture, quelle est le rapport dans ces différents pays entre Série Longue et One Shot.

Peut être qu’en Europe, on a plus l’habitude de nous attacher aux détail et considère t on la BD comme une oeuvre d’art.

Par
viper82,
Le 24 Mai 2012 à 16:38:19


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