ACHDé

Achdé, comme son nom de plume l’indique, est un homme de tradition. Longtemps, à commencer par le plus illustre d’entre tous, Hergé, les dessinateurs de bande dessinée se sont créés un pseudonyme à partir de leurs initiales. D’où Achdé, de H.D., Hervé Darmenton pour ses parents, qui naquit en 1961.Dire que le jeune Hervé avait la vocation tiendrait du doux euphémisme : à l’âge de 3 ans, il signait déjà son premier récit illustré. Dans les années qui suivent, ses marges de cahiers d’écolier se retrouvent systématiquement remplies de ses gribouillis aboutis. À 9 ans, il achète son premier livre de bande dessinée : Lucky Luke contre Phil Defer. Un signe du destin, c’est certain. Nourri de Pilote, de Spirou, et de Pif le Chien, il songe très tôt à travailler dans l’animation. Pourquoi pas - on peut toujours rêver - devenir le Walt Disney français ? À 14 ans, suite à une première publication dans un fanzine, il se fait une raison : simple dessinateur de BD fera l’affaire. Quelques années au CHRU de Montpellier le consacrent manipulateur en électroradiologie. Dans la salle d’attente de l’hôpital et du cabinet d’imageries médicales, il laisse traîner des dessins qui détendent, mieux, font rire les patients. Plus possible d’échapper à l’appel des crayons. À Nîmes, Hervé monte un studio de création, puis une agence de pub, publie des dessins dans la presse régionale et nationale. Il autofinance la publication d’un album, Destins croisés, en 1988. Les Éditions Dargaud signent avec le dessinateur prometteur l’année de ses trente ans. Reste à trouver l’idée. Un reportage télé la lui fournit. Quelques éleveurs en colère qui balancent des moutons sur une compagnie de CRS et c’est le déclic : la série humoristique CRS = Détresse (d’abord seul puis avec Cauvin) lui vaut un certain succès. Suivront, en parallèle, Fort Braillard, Woker (avec Widenlocher), Les Damnés de la route, puis Doc Véto sur un scénario de Godard. À ce moment, Achdé, installé dans le Gers avec femme et enfants, peut se dire, satisfait, que son objectif est atteint : il vit, bien, de la bande dessinée. Et voilà que son existence va être bouleversée. Lui, l’enfant respectueux et admiratif de ses illustres aînés Franquin, Uderzo et Morris, va se voir consacré. Appelé à mettre en images les aventures en solo de Rantanplan, il s’impose comme un digne continuateur du créateur de Lucky Luke. Un essai plus que concluant (le court récit, Le Cuisinier français) et l’aventure démarre. La réalisation d’un rêve d’enfant pour celui qui joue à présent dans la cour des très grands.

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