Ambiance pour le moins tendue à la rédaction de Fluide Glacial, l’historique magazine de bandes dessinées humoristiques et satiriques.
Depuis quelques mois les relations semblent en effet s’être radicalisées entre les auteurs du mensuel et les dirigeants de celui-ci. La brouille a commencé en juin 2011, avec l’arrivée à la tête du journal d’un nouveau rédacteur en chef, Christophe Goffette. De manière attendue, celui-ci accompagne sa prise de fonctions de quelques remaniements concernant le magazine et son équipe. Entre autres choses, il décide de se séparer du maquettiste et du webmaster de l’époque.

Éric Deup, auteur qui travaillait alors à Fluide Glacial depuis pas loin de quinze ans, écrit un texte humoristique et impertinent moquant les méthodes de management du nouveau rédacteur en chef… Celui-ci réagit mal, refuse de publier ledit texte, et envoie une lettre de préavis de licenciement à Éric Deup.
S’ensuivra un bras de fer entre les auteurs et Christophe Goffette. Ce duel sera, temporairement du moins, remporté par les auteurs, qui parviendront à sauver le webmaster, le maquettiste, et Éric Deup du licenciement.

Cependant, les choses ne se sont pas arrêtées là, et depuis ce premier accrochage, les relations entre Éric Deup et Christophe Goffette n’ont cessées de se tendre : textes refusés, avertissement professionnel envoyé… Et puis, à la fin du mois de janvier, la sentence, cette fois non-négociable : Éric Deup est licencié de Fluide Glacial. La raison officielle en est la qualité de son travail, qui ne correspondrait plus « aux exigences de qualité, d’inventivité, d’ouverture et de dynamisme qu’attend le journal ». La raison officieuse, se murmure-t-il à voix de plus en plus haute, serait plutôt l’insubordination de Deup à son nouveau rédacteur en chef.


Eric Deup, à droite, ici en compagnie de l’auteur Michel Gaudelette et de l’ancien rédacteur en chef Thierry Tinlot.

Rédacteur en chef qui se retrouve d’ailleurs lui-même au cœur du débat, puisque les autres auteurs du magazine l’accusent d’être responsable d’une baisse de qualité de celui-ci. Dans une lettre adressée à la direction, ils ont d’ailleurs des mots violents, qui rappellent grandement ceux utilisés pour le licenciement d’Éric Deup : « Nous devons vous informer que nous sommes amenés à envisager à votre égard une mesure de défiance pour les motifs suivants : une ligne et un (ou une absence de) travail éditorial affligeants, très éloignés de la recherche de qualité dans la variété qui a toujours été la marque de fabrique de Fluide Glacial ».
Est-ce pour cette raison qu’est désormais évoqué le probable licenciement de Christophe Goffette, qui s’apprêterait à être écarté de son poste par le groupe Casterman, auquel appartient le magazine ?

Il est en tout cas un peu triste de voir un magazine aussi mythique, célèbre pour son impertinence et sa vision de la bande dessinée et de l’humour, se fourvoyer dans une cuisine interne d’une telle médiocrité.

Source : le site « L’accoudoir »