A l’occasion de la sortie du tome 3 des Aigles de Rome, nous avons eu la chance de rencontrer Enrico Marini qui revient pour nous sur cette série qui est aussi son premier projet solo.
Boujour Enrico, d’où te vient cette passion pour l’histoire ?
Depuis toujours je me nourris de romans historiques et de films de gladiateurs. En plus à côté de chez moi (ndlr : en Suisse), il y a un site historique romain sur lequel mes parents m’emmenaient pour voire des reconstitutions qui ont lieu chaque année. Il y a des courses de chars, des combats au glaive et on peut même y manger comme les romains de l’époque. Tout ça m’a évidement influencé.
Et le projet des Aigles de Rome ?
Quand Gladiator est sorti ça m’a permis de voir qu’on pouvait aimer le péplum et faire quelque chose de différent sans être désuet. Après cinq ou six ans d’accumulations de documents, de notes et de recherches j’ai attaqué le scénario. Et puis il fallait aussi que je me sente prêt à partir tout seul car jusqu’à présent je travaillais avec des scénaristes. Même si j’avais dé jà participé aux scénarios, c’est différent d’être vraiment tout seul et aussi d’écrire en français qui n’est pas ma langue maternelle (ndlr : Marini a pour langue natale l’Italien et parle l’Allemand couramment).
Tu écris tout en français ?
Les deux premiers tomes étaient écrits en allemand car c’était plus facile pour moi de tout rédiger dans ma langue. Ensuite je les ai traduit moi-même en français pour les présenter à l’éditeur. Le tome 3 a été écrit directement en français.
D’ailleurs au niveau des dialogues le ton utilisé est très contemporain.
Utiliser un langage moderne était volontaire même si on a pu me le reprocher pour les deux premiers tomes. Pour le troisième j’ai fait plus attention mais pour moi il fallait que je puisse aussi me démarquer des classiques comme Alix.
Et la collaboration avec Dargaud ?
Avant de présenter le projet j’avais écrit entièrement les deux premiers albums sans image. Je voulais que l’éditeur puisse me donner son avis sur mon travail de scénariste. Je pensais qu’il pouvait avoir une appréhension comme quand un chanteur veut devenir acteur, ce n’est pas le même métier. C’est pourquoi je ne voulais pas arriver avec des visuels mais uniquement avec du texte. Ils ont été emballés ce qui a aussi été très rassurant pour moi.
Les Aigles s’inspirent d’une histoire vraie ?
Le personnage d’Arminius a vraiment existé. Il est un peu le Vercingétorix allemand. On le retrouve dans des romans et des films mais on ne le connait pas beaucoup en France. C’est un chef militaire qui a posé beaucoup de problèmes aux romains à l’époque. Pourtant il avait été éduqué et formé par les romains contre qui il s’est finalement retourné pour défendre sa terre d’origine. Mais on ne sait pas trop si il a vraiment été à Rome ni ce qui l’a motivé à lutter contre l’Empire, c’est là où la part inventée de l’histoire rentre en jeu.
Et concernant les autres personnages ?
Beaucoup de mes personnages ont réellement existés mais on ne sait pas quelle tête ils avaient ni forcément leurs raisons pour prendre telle ou telle direction. Donc j’essaye de donner une cohérence à tout ça au travers mon scénario et de remplir les trous de l’histoire en tâchant de rester crédible.
Il y a aussi pas mal de scènes de sexe dans tes albums ?
Comme dans la suite de l’histoire les personnages ne vont pas avoir beaucoup d’occasions de rencontrer des filles, j’ai profité des premiers albums pour en mettre un maximum. Mais tout ça c’est la faute de Desberg (ndlr : scénariste de Scorpion) et de Dufaux (ndlr : scénariste de Rapaces) qui m’ont influencés dans cette voie. Se sont de grands malades de ce côté ! (rires)
Ce tome 3 nous emmène loin de Rome, on y découvre ce qui deviendra l’Allemagne.
En fait c’était là où je voulais arriver en commençant cette série. Raconter ce choc culturel entre les latins et les germains. Ca me renvoi aussi en partie à ce que je suis avec mes origines italiennes vivant dans un canton de Suisse où on parle majoritairement l’allemand.
Tu as aussi fait évoluer ton dessin.
Effectivement, j’ai voulu marquer le coup pour dire qu’on n’était plus à Rome. Il fallait faire un vrai travail sur la couleur pour poser une ambiance plus grise, plus austère, propre aux forêts germaniques. Même si en Allemagne il y a aussi parfois du soleil !
Quelle technique utilises-tu ?
Pour mes couleurs, je travaille à l’aquarelle en couleur directe et j’utilise le numérique pour nettoyer, enlever les tâches ou nuancer une couleur. J’aime bien avoir des originaux, je trouve ça beau et ça me permet d’avoir des choses à exposer quand on me le demande.
En combien tomes est prévue la série des Aigles de Rome ?
Cinq ou six pour cette histoire. Je me laisserai probablement la possibilité de continuer mais j’aimerais aussi traiter d’autres thématiques.
Comme quoi ?
Je voudrais bien reprendre le Gipsy qui est un personnage que j’affectionne. J’aimerai aussi traiter de nouvelles époques de l’histoire et ne pas rester dans l’antiquité. Quand je finis une série j’aime bien passer à totalement autre chose.
Et au niveau de tes sorties à venir à quand le prochain Scorpion ?
Il sortira en 2012, l’idée est d’alterner mes deux séries au rythme d’un album par an.
Merci beaucoup Enrico Marini.
Un grand merci à Enrico Marini pour son temps et sa gentillesse et à Dargaud pour nous avoir permis de rencontrer Enrico lors d’un de ses passages en France.
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