Demain sort dans toutes les bonnes librairies et bien sûr sur tous les sites de vente en ligne, le nouvel album de Philippe Fenech et de ses accolytes Mady et Ludovic Danjou, Ulysse !. A cette occasion, nous avons eu l'immense chance de pouvoir interviewer Philippe, dessinateur de cet album et futur série à succès.

Bonjour Philippe ! Merci de nous accorder un peu de ton temps pour BD Maniac. Avant de commencer, pourrais-tu te présenter brièvement ?



Bonjour ! Alors, je suis Philippe Fenech, et avant qu’on me demande si c’est un pseudo, je réponds : non ! Avec un nom pareil pas besoin de pseudo. Ensuite, je suis, depuis une dizaine d’années, dessinateur. J’ai commencé par un petit journal local, mais j’ai vraiment débuté en 2001, dans « Le journal de Mickey » et autres parutions Disney. Depuis j’ai œuvré dans pas mal de magazines, dont Scooby-doo mag, Bug’s bunny mag, Animalou et Lanfeust mag.

J’ai aussi fait pas mal de BD depuis 2004, la série « tuff et koala » avec Curd Ridel, « Anatole et Cie » avec Mitric  « Léo, passion rugby » avec Nicoloff et un album SF avec Téhy « L’empire des mecchas ». Et depuis un an, chez Vents d’ouest j’ai commencé deux nouvelles séries : « Un héros presque parfait » et « Ulysse ! »… et beh ça commence à faire, pfiou.

Ton parcours indique que tu as débuté dans le cinéma après une formation de 6 ans. Pourquoi et comment es-tu passé du cinéma à la BD ?



Alors, je n’ai pas vraiment commencé dans le cinéma. J’ai fait des études de cinéma. C’était ma deuxième passion. J’ai d’ailleurs un peu laissé tomber le dessin à ce moment-là. Puis finalement j’ai trouvé mon premier taf dans l’illustration, et je me suis lassé du cinéma. Mais en fait si on regarde bien, le ciné et la BD ne sont pas tant éloignés que ça. Le cadrage, la mise en scène et même la direction d’acteur ! En fait c’est pareil, sauf qu’on ne se tape pas les crises d’égo des comédiens. Tout bénef’ ! Bon, on ne se tape pas les comédiennes, aussi… c’est vrai

Dans quelques jours sort ton nouvel album : Ulysse ! Après l’avoir lu, je dois bien avouer qu’il m’a beaucoup fait rire. L’idée de reprendre l’histoire riche de l’Odyssée et de la transposer de manière humoristique est très intéressante. Comment cette idée t’est-elle venue avec Mady et Ludovic Danjou ?



Alors, en fait ça fait longtemps que j’avais cette idée en tête. L’histoire de ce gars qui fait tout pour rentrer chez lui sans (presque) jamais y arriver, me passionne. Ce thème là en général est intéressant. Pourtant ma mère ne m’a pas battu (ou si peux) ni abandonné (pas tout le temps du moins).  Je ne sais pas pourquoi j’ai mis tant de temps à oser la faire, peut-être simplement pour trouver le bon éditeur. Mais voilà, après la signature de « un héros presque parfait » avec mon équipe de choc, l’éditeur nous a demandé de réfléchir à un album dans le même (mauvais) esprit que « hpp » mais en histoire complète. C’est alors que je leur ai sorti mon bazar. Je parle de mon idée bien sûr, faire un « Ulysse » version humour. Ça n’a jamais été fait, étonnamment. Ils ont adoré, l’éditeur aussi, on a signé, on a bu et chanté… pis après y a fallu bosser.

Ce qui amplifie l’humour d’Ulysse !, c’est cette transposition de certains phénomènes de société actuels à une société antique avec des personnages politiques facilement reconnaissables mais surtout avec des détails anachroniques croustillants. Est-ce ici une volonté de votre part de rendre cette histoire actuelle et critique ?



En fait c’était le but premier, faire une critique de la société, dans une BD qui ne soit pas contemporaine. On ne voulait pas raconter ce que tout le monde connait d’Ulysse. On l’a vu et revu à toutes les sauces. Ce qui nous intéressait c’était de détourner l’histoire. On a opté pour « les scènes cachées » de l’Odyssée. Alors bien évidemment on verra surement des éléments qu’Homère relate, mais pour « la carte de Kyrozas » le premier tome, on se focalise sur la présentation du perso. Ça se situe avant sa rencontre avec le cyclope. Quant à la politique, elle est anecdotique, ce n’est juste qu’un clin d’œil. Bon, un peu appuyé, d’accord, mais  Loin de nous l’idée de faire un album politique. C’est plus une critique, ou un regard comique sur un ou des personnages. Bon pour un de ces personnages (à vous de trouver qui) il est comique par nature, même si il ne nous fait pas souvent rire. Oulà, compliqué cette phrase !!

Ce n’est pas la première fois que tu travailles avec Mady et Ludovic Danjou puisque nous connaissons déjà de vous trois la série, Un héros presque parfait. Comment vous êtes-vous rencontrés et comment sont nés ces projets de bandes dessinées ?



En fait je les ai fabriqués. Dans un vieux garage, j’ai fait Mady à partir de bout de cervelle de poulpe et Danjou à partir d’une saucisse de Strasbourg. Ensuite je les ai formés et je leur ai demandé de m’aider. Comment ça je ne suis pas crédible ?? Bon, d’accord…. Je connais Mady depuis longtemps, car elle était secrétaire de rédaction du Lanfeust mag… et un jour elle m’a proposé une série de gag qu’elle écrivait avec un certain Danjou. J’ai lu, j’ai ri, et j’ai dit OUI ! C’était le genre de projet que je voulais faire après 3 albums sur un gamin qui joue au rugby. Ils ont vraiment un sens de l’humour que j’adore. Bosser avec eux est vraiment une expérience géniale.

J’ai ressenti dans ton dessin une très grande inspiration d’un certain Uderzo et bien sûr, je n’ai pu m’empêcher de penser ici à la série Astérix avec cet univers antique. Je fais fausse route où il s’agit bien d’un de tes grands inspirateurs du monde la BD ?



Héhéhéhé… bien vu. Je suis tombé dans la BD par Astérix. C’est en lisant les aventures du petit Gaulois que j’ai décidé de faire ce métier. J’avais 4 ou 5 ans, je ne sais plus, mais ça ne m’a pas quitté. Il a gentiment fait la préface de mon deuxième album, et je ne l’en remercierai jamais assez.

Je me suis parfois éloigné de ce trait de base, notamment dans Leo, mais c’était pour mieux y revenir. Forcément, la comparaison devient plus simple lorsque le thème est l’antiquité. Après ce n’est que de l’inspiration, je n’ai pas cherché à faire du Astérix, j’ai juste essayé de pas me brider. Et vu que je n’ai pas la moitié du tiers du centième du talent du maitre, on peut parler juste d’une petite inspiration.

Si Uderzo est bien une de tes sources d’inspiration, que penses-tu de sa récente décision de confier le prochain scénario d’Astérix à un scénariste de métier : Jean-Yves Ferri ?



Je ne sais plus que penser de cette histoire. Astérix m’a toujours fait rêver, mais là, depuis quelques albums, ce n’est plus le cas. Uderzo a, à mon gout, fait de bons albums tout seul. Je sais que ce n’est pas l’avis de tout le monde, mais « l’odyssée (tiens, encore une odyssée) d’Astérix » ou « Astérix chez rahazade » sont pour moi de bons opus. Mais effectivement, la magie n’opère plus depuis un moment. Bref, tout ça pour dire que la première option était pour moi la meilleure. Ne pas laisser Astérix a des mains extérieures. Mais après, a continuer Astérix, autant prendre un bon scénariste, et de ce coté-là Ferri est peut être un choix judicieux. Mais ça on ne le saura que dans quelques années !



Merci mille fois à Philippe Fenech pour nous avoir accordé un peu de temps, pour nous avoir fait rire et pour sa grande gentillesse. Et nous lui souhaitons par la même occasion bonne continuation, en attendant bien sûr la suite de sa série !

Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez retrouver le Book de Philippe Fenech ici : http://bit.ly/opE5D1