A l’occasion de la sortie de son tout premier album l’Evasion, Berthet One a accepté de répondre à toutes nos questions. :)

Bonjour Berthet One et bienvenu sur BD Maniac. Peux tu nous expliquer d’où vient ton pseudo?

En fait, Berthet, c’est mon prénom. Je ne voulais pas utiliser mon nom de famille, et il fallait que je trouve un moyen de me différencier d’un autre dessinateur, le célèbre Philippe Berthet.
Donc, tout simplement, j’ai utilisé les codes du graffiti. Après son pseudonyme, en général, un tagueur marque «One». Pas toujours, mais c’est l’usage.

Comme tu es un « petit nouveau » (avec beaucoup de talent) dans le monde de la BD, peux tu te présenter rapidement pour les lecteurs BD Maniac?

Je suis un dessinateur au parcours assez atypique. Je suis originaire de La Courneuve, et suite à quelques petites, voire grosses bêtises, j’ai passé 5 ans à la maison d’arrêt de Nanterre. En cellule, j’ai essayé de mettre mon temps à profit. J’ai repris mes études, et surtout, j’ai recommencé à dessiner sur mes coins de cahiers. Mes dessins ont été repérés par mes co-détenus, les gardiens, mes profs, et je me suis dit que devenir artiste pourrait être une bonne reconversion. Donc je me suis mis à faire des planches de BD… et voilà, rapidement, comment est née «L’Evasion».

«L’Evasion» sort aujourd’hui, parles nous un peu de ton tout premier album. :)

C’est un premier album qui m’est vraiment très cher, car il a été réalisé à plus de 90% en prison. C’est aussi pour moi un moyen de sauter le pas et de me lancer concrètement dans le monde de la BD, en tant que professionnel.
«L’Evasion» tourne bien entendu autour du thème de l’univers carcéral, mais j’ai tenu à le traiter avec humour. Tout ce que j’y dessine m’a été inspiré par ce que j’ai vu, vécu et entendu en prison… mais je voulais rendre cette BD accessible, et que l’on puisse apprendre des choses, même parfois dures, en passant un bon moment.

Quelles sont tes premières impressions sur la réalisation et la sortie de cet album?

Que du bonheur, tout simplement! J’ai eu la chance d’avoir une bonne équipe autour du moi, des gens qui ont cru en moi, et avec qui je prends plaisir à travailler. Cet album est aussi le fruit d’une multitudes de rencontres, d’échanges, d’une forte volonté de réussir et de s’en sortir, et d’un vrai travail d’équipe!
En ce qui concerne la sortie, je ne suis pas stressé, mais j’appréhende un peu la réaction du public. J’espère avant tout que les gens vont aimer la BD et mon travail.

Pour l’instant, l’accueil a été plutôt bon, et les critiques aussi, donc j’espère que cela va durer!

Comment es tu venu à travailler avec les éditions Indeez?

C’est une longue histoire avec Indeez Urban Editions! Nous avons été présentés il y a presque 18 mois à un Festival Hip Hop, où ils avaient un stand. Ils ont bien aimé mon histoire et mon parcours, au départ, mais ils ont aussi directement accroché sur les 1ères planches que je leur ai montrées. J’ai ensuite été sollicité par plusieurs éditeurs, surtout après mon 1er vernissage à Paris, mais j’ai préféré partir avec une structure comme Indeez. J’avais besoin d’être entouré de gens motivés, réactifs, dédiés à 100% à mon projet et en plus, avec Indeez, on baigne dans la même culture et les mêmes références…

As tu des Influence BD, manga ou comics? Si oui… lesquelles?

Comme beaucoup de jeunes, j’ai grandi avec Fluide Glacial, l‘Echo des Savanes, Charlie hebdo, etc… En plus de ça, je viens d’un univers très hip-hop et j’ai pratiqué le graffiti quand j’étais adolescent. Le mélange des 2 a été explosif, et a fait ce que je suis devenu aujourd’hui, tout simplement.

Sinon, j’ai beaucoup lu Rahan, et je suis fan d’artistes comme Simon Bisley. Mais j’ai finalement assez peu lu de BD. J’ai surtout beaucoup regardé les dessins animés.

En parlant d’influence, je tiens à faire une grosse dédicace à El Diablo et les autres, car c’est grâce aux «Lascars» que des jeunes comme moi ont enfin pu se dire que c’était possible d’y arriver. Ils ont ouvert la voie! Ils sont arrivés avec un univers urbain dans les BD et les dessins animés, ce qui n’existait pas en France il y a 10 ans…

Quels sont tes projets pour la suite? Des collaborations en vues? (on veut des noms!!!!)

Pour la suite, j’ai plein de projets, mais celui qui me tient à coeur pour l’instant, c’est «Abigaëlle»! Ce sera ma prochaine BD. L’histoire d’une petite jeune de province qui débarque en banlieue, avec 2 caractéristiques: elle est hyper moche, et elle a beaucoup de caractère!

Sinon j’aspire aussi à écrire des scénarios, faire des des dessins animés. Je suis très attiré par l’audiovisuel, mais chaque chose en son temps…
Pour les noms, c’est un peu tôt, mais il y a des indices dans ma réponse précédente…

Un petit mot pour la fin?

C’est déjà la fin? Bon… je voulais passer un petit message aux jeunes de nos quartiers. On entend partout que la banlieue est blindée de talents, mais personne ne vient jamais les voir! Donc ce que je répète aux jeunes, c’est «donnez-vous les moyens de réussir! En vérité, tout est possible! Si t’es bon, t’es bon!»
Et pour finir, j’espère que mon univers plaira à un public très varié et que les gens apprécieront ma BD!
Et bien entendu, un grand merci à BD Maniac !

Merci à toi Berthet et bon courage pour la suite !